juste avant
la jouissance

c'est tout

une vie
construite
avec des bouts de ferraille
comme un jeu d'enfant

Bruno

heureusement
il reste la cabane
le terrain vague
bus mob scoot
carte gsm flipper cigarettes
sandwich bière café

une séquence
coup d'épée dans l'eau
comme pour mieux signifier
le changement de règle en cours

les sentiments
à la négociation impossible

puis le film muet
d'un apprentissage difficile
celui du rôle d'un père
qu'il ignore devoir être

le nez coulait
rapidement essuyé
du revers de la manche

pullover bleu
tricoté main
grosse maille

inutile d'user
du forfait
avec un con
qui n'ose pas dire
les choses en face

restaient les écouteurs du walkman
les paroles d'Alizée en boucle
comme un possible

rien d'autre

"Stupidité des passagers, qui, de la lisse, prennent photographies et films, surtout au moment où le bateau passe au plus près du bord, presque à le frôler. Dans l'instant qui devrait être entièrement consacré à l'union de l'oeil avec les choses, l'homme ne s'occupe que de son attirail à attraper les ombres. Il mécanise le souvenir."

en retrait
tel un voyeur
toujours
cet espace de latence

une matérialité
qui renvoit à nos propres albums de famille
mélange
de polaroïd
aux couleurs franches
de photographies couleurs
aux teintes passées
de prises de vues floues
de tentatives d'approches vaines

mais
toujours
persiste
cette absence
poétique

l'accumulation du même
dispositif implacable
l'angoisse soudain

nous sommes tous encore ici

Olivier Péridy_La vie de famille_Artothèque et Nouveau Théâtre d'Angers_5/11>10/12/2005_