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écriture - Page 9

  • fin #1

    une plainte
    encore quelques gémissements de l'humanité

    lui
    ne doit pas céder
    ne laisser aucun homme
    partir au combat

    que chaque heure
    soit vécue
    comme la première

    la reine se meurt
    seule

    lui
    regarde sa figure d'homme
    dans le miroir
    sans qu'il ne lui soit possible
    de crier entièrement

    il a atteint cette limite
    qui lui permet
    encore
    de rester en territoire libre

    séparément
    que les nuits sont longues

    à nouveau
    l'histoire surgit
    comme une interruption de grossesse
    le cela a été

  • fin #2

    où en étais-je

    les frappes de l'o.t.a.n.
    hors de nos frontières

    non à monsieur c.

    ma femme et moi
    allons nous séparer
    les mains propres
    cela a-t-il de l'importance
    la façon de faire
    pour en arriver là
    les schtroumpfs de l'o.n.u.

    mis de côté
    comme les os et le gras
    dans l'assiette de viande
    de côté
    les restes du mort pour la nation

    les yeux de la reine
    ouverts à demi
    depuis quelques jours
    encore
    cette possibilité de la fragmentation
    du dehors
    la loi de l'hospitalité

    une correspondance

  • fin #3

    l'apparat merdique
    est-il besoin de la préciser
    rien d'autre

    la reine se meurt
    dans son royaume

    quant à l'homme
    sa figure continue
    de se décomposer
    jusqu'au masque impersonnel

    les rires et les pleurs
    viennent ici sonner
    comme des gourmandises
    le ventre plein
    jusqu'aux vomissements

    l'extrême expression
    des incapacités de l'homme
    à contenir des émotions

    le corps est nu
    ils vont le changer de lit
    heureusement
    il lui reste toute sa tête
    ce qui rend insupportable
    l'idée de la fin
    annoncée

    le condamné à mort
    s'en ira plein de richesses
    heureux qui comme ulysse

  • Médium is mess_Nicole Caligaris_revue d'art et de littérature éponyme_Editions joca seria_Automne 2005

    "Le David de Michel-Ange, exposé à Florence, en Italie, s'encrasse vite. A peine remis d'une restauration, en mai 2004, ayant rendu à son marbre blanc l'état originel, le voilà couvert de poussières. Las d'avoir à le nettoyer, les responsables de la galerie de l'académie de Florence ont décidé de lui confectionner un système de ventilation sophistiqué : un souffle permanent d'air filtré qui le protégerait des particules brassées par les 5000 touristes quotidiens qui visitent la galerie. On envisage aussi des tapis spéciaux pour "nettoyer" les chaussures des visiteurs. Les experts font appel à un logiciel qui simule les écoulements d'air de la galerie de l'Académie pour placer le jet d'air autour de la statue multicentenaire de 4,6 mètres de haut. Coût de l'opération : 12 millions d'euros."

    Plus grande est la dévotion, plus virulente est la corruption. Dépourvu, comme toute religion bourgeoise, de conviction profonde, un culte sans passion emplit saisonnièrement les musées de cortèges déshydratés, fourbus, hagards, manifestant d'un pied piétinant leur adhésion à la conformité. Mille et unième petit stratagème pour se décharger du fardeau d'être unique.